Le zoo humain du Jardin d'acclimatation

Les contours ripolinés du parc d'attraction du Jardin d'acclimatation parisien cachent une réalité historique sombre : les expositions ethnographiques de la fin du XIXe siècle.

Histoire de rue
2 min ⋅ 12/01/2024

Un zoo humain au coeur de Paris

En se baladant aujourd’hui dans le Jardin d’acclimatation, on savoure la vue offerte par la Fondation Louis Vuitton et les petits lacs champêtres. Mais tout cela semble bien factice lorsque l’on se penche sur le passé terrifiant de ce lieu. De 1877 à 1937, des expositions ethnographiques, entendez par là des zoos humains, sont ouvertes pour permettre aux visiteurs de découvrir les Nubiens, Sénégalais, Kali’nas, Fuégiens, Lapons, Kanaks… souvent enfermés dans des cages, à moitié nus même en hiver.

Pour une somme modique, les visiteurs s’offraient une rencontre exotique avec les “sauvages” des contrées lointaines. Les indigènes étaient exposés sous la forme d’un spectacle cruel comme ces Kanaks présentés comme des cannibales dangereux dans la fosse aux ours. On vient du monde entier pour découvrir ces sauvageons en cage, la fréquentation atteint près d’un million de visiteurs par an. Bien sûr, il s’agit là d’une autre époque avec sa propre vision du monde, difficile de juger avec nos repères à nous, mais force est de constater toute la cruauté de ces expositions.

L’ordre colonial et le concept de peuples inférieurs

De telles expositions qui ont pu aussi exister dans d’autres pays européens, comme à Hambourg, permettaient de diffuser des images stéréotypées du sauvage dangereux, légitimant l’ordre colonial, la hiérarchie des races et l’idée de peuples inférieurs. Ces concepts sont à l’origine du racisme.

Le sort réservé aux peuples exposés était souvent dramatique. Nombre d’entre eux sont morts dans ce Jardin en raison des conditions de vie déplorables. Leurs corps étaient enterrés dans le cimetière du zoo, au même niveau que les animaux, d’autres étaient envoyés à la Société d’Anthropologie de Paris où le public pouvait payer pour assister à la dissection. Jusqu’en 2013, la mémoire de ce terrible passé était enfoui sous les herbes vertes du site, aucune construction de l’époque n’ayant résisté au temps. Seule une petite plaque discrète à l’extérieur du site, posée cette année là, recontextualise ce passé trouble. De ces zoos humains, il nous reste des clichés absolument horrifiants.

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Histoire de rue

Par Alexis LECOMTE

Salut, Moi, c'est Alexis ! J'ai tout juste 30 ans, l'âge de la raison paraît-il... Je travaille globalement pour la communication d'institutions culturelles, mais je suis surtout le créateur du projet Histoire de Rue, principalement visible sur Instagram (@histoire_de_rue) ! J'aime l'histoire et raconter des histoires. De ce fait, armé de mon appareil photo, j'explore les rues et les monuments pour découvrir ce qui se cache derrière les murs et révéler des histoires parfois drôles, vulgaires, sérieuses, décalées, déterminantes... et tout cela, sur un ton léger et sympathique ! Dépoussiérer l'histoire, c'est mon leitmotiv. Et pour y parvenir, j'utilise ce que je sais faire : de la photo où je mêle des images d'archives et des photos contemporaines, les vidéos pour vous emmener en immersion dans le coeur des monuments, des stories, des articles... et désormais avec cette newsletter qui, une fois par semaine, explore une anecdote sur le patrimoine ! Alors, abonne-toi !

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